La psychologie biodynamique : origines et développement

La psychologie biodynamique est une approche thérapeutique psycho-corporelle qui a pris son essor dans les années 1950 sous l'impulsion de la psychothérapeute norvégienne Gerda Boyesen. Cependant, ses origines remontent aux travaux pionniers de Wilhelm Reich dans les années 1920-1930. Il est donc important de retracer brièvement l'histoire de ce courant pour comprendre les principes fondamentaux sur lesquels repose la psychologie biodynamique.

Les prémices avec Wilhelm Reich

Né en Ukraine en 1897, Wilhelm Reich se forme à la psychanalyse avec Sigmund Freud à Vienne. Dans les années 1920, il devient l'un des principaux représentants de la "psychanalyse appliquée", c'est-à-dire de l'application des concepts psychanalytiques à des domaines comme la médecine ou la psychologie.

Ses recherches le conduisent à s'intéresser aux liens entre la psyché et le corps. Il observe que les symptômes névrotiques de ses patients se reflètent dans leur posture et leur manière de respirer. C'est ce qui le mène à formuler le concept d'"armure caractérielle", structure rigide et inconsciente du comportement mise en place par le sujet pour réprimer les pulsions sexuelles et agressives.

Reich émet l'hypothèse que cette armure se manifeste physiquement par une tension musculaire observable. Il met alors au point une technique corporelle, l'"analyse vegetative", qui vise à travailler directement sur le corps du patient à l'aide de massages et manipulations pour faire remonter à la conscience les émotions refoulées et desserrer l'emprise de l'armure.

Les travaux de Reich sur ces concepts de "somatisation de la névrose" et d'"économie végétative du caractère" constituent les fondations de l'approche biodynamique ultérieure. Ils marquent une étape clé dans la prise en compte du corps comme réceptacle des empreintes inconscientes au même titre que la psyché.

Les développements avec Gerda Boyesen

C'est dans les années 1950 que l'œuvre de Reich va être prolongée et affinée par Gerda Boyesen. Née en 1922 en Norvège, elle se tourne vers la psychanalyse après des études de médecine, puis est formée à la technique reichienne de l'analyse végétative aux États-Unis.

De retour en Europe, elle ouvre un cabinet privé à Londres et développe un nouveau type de thérapie qu'elle nomme "psychologie biodynamique". Son apport majeur est d'introduire des techniques corporelles plus "douces" que celles de Reich, mieux adaptées selon elle aux patients civilisés.

Elle propose notamment le concept de "cuirasse tissulaire", structure défensive plus subtile que l'"armure" qui englobe les tenseurs musculaires, les organes et les tissus. Le but du travail thérapeutique devient de desserrer progressivement cette cuirasse à l'aide de massages, pressions des doigts et écoute des manifestations végétatives comme les sons péristaltiques.

Autre découverte majeure de Boyesen, le "psychopéristaltisme", phénomène par lequel l'inconscient se manifeste dans les intestins à travers les sons qu'ils émettent durant le processus digestif. L'écoute de ces sons avec un stéthoscope permet d'entendre le langage du corps et de mieux accompagner l'émergence des émotions refoulées.

Développement continu

Après avoir transmis sa méthode durant deux décennies, Gerda Boyesen ouvre en 1973 la première "École européenne de psychologie biodynamique" à Genolier, en Suisse. Après sa mort en 1994, l'école déménage à Paris et Lyon sous la direction de François Lewin. Elle forme à ce jour de nombreux thérapeutes en France et dans le monde.

La psychologie biodynamique n'a cessé par la suite de se développer, notamment grâce aux apports de nombreux praticiens formés à l'école. Certains ont affiné certaines techniques comme la végéto-thérapie (écoute du langage végétatif à travers le toucher) ou la régression positive. D'autres ont élargi le champ d'application de l'approche à des domaines comme l'accompagnement de la naissance.

Aujourd'hui, la psychologie biodynamique s'est imposée comme l'une des principales écoles de psychothérapie corporelle en Europe, synthétisant les découvertes pionnières de Reich sur le corps et l'inconscient à la lumière des affinages conceptuels et techniques apportés par Gerda Boyesen puis ses successeurs.

Fidèle à l'expérience corporelle tout en accordant une place importante à la relation thérapeutique, elle propose une voie unique d'exploration et de guérison de soi.